Ajouté le 12 janv. 2009
Ils font le « WOUZWOUS » de BEBU, ces petits personnages qui colonisent une
grande partie de son oeuvre comme des places de villages. Ils s’agitent, se rassemblent,
s’interpellent, tous à la fois semblables et tous différents dans leurs attitudes et leurs
expressions. Ils sont autres et nous ressemblent cependant, oscillant entre instinct
grégaire et solitude, entre conformisme et marginalité.
Certains tableaux les représentent amassés, comme embrassant d’un seul regard un
point unique pris en contreplongée. D’autres les isolent à flanc de montagne ou dans une
immensité aride, petits points anonymes en marche vers un autre ailleurs. D’autres
encore les socialisent sous un arbre à palabre ou autour d’un griot.
Car ce monde inventé des « WOUZWOUS » parle
essentiellement de l’Afrique. Un continent habité dans
l’enfance, pour lequel BEBU garde une appétence
particulière . Les terres sèches, la poussière, les
couleurs pilées par le soleil et les heures suspendues
dans la chaleur, métissent et fécondent son actualité
artistique.
Et lorsqu’un personnage se dissocie pour devenir
sujet essentiel, son corps se pare alors d’un bleu
« Matisse » qui tranche sur les ocres et les limons
universels, le temps d’une pause, d’une caresse,
d’une respiration. A moins que son image ne se
détache d’elle même de l’argile et du sable pour
en prendre le grain et la poudre.
Poétique, drôle, tendre et grave à la fois , l’oeuvre
de BEBU parle d’universalité dans la singularité. Et
de son passé à son présent, par delà les continents,
elle peint et sculpte les liens qui font de notre
communauté de petits « WOUZWOUS » de vrais
êtres humains.
Claudine DUFOUR-MEURISSE